Maria Montessori naît le 31 août 1870 à Chiaravalle, en Italie. Elle est la fille unique d’Alessandro Montessori et de Renilde Stoppani. Son père, Alessandro, est issu d’une famille de petite bourgeoisie, plutôt conservatrice, installée à Bologne. Après des études de rhétorique et d’arithmétique, il suit une formation militaire. Conservateur, sévère et rigoureux, il adhère au « Risorgimento » (1815-1870), qui a pour objectif la libération et la réunification de l’Italie, avant d’occuper dans les années 1850 le poste de comptable pour les services financiers du Vatican en Romagne. Il rencontre Renilde en 1865 dans le cadre de son poste d’inspecteur des finances de l’industrie du tabac et du sel.
Celle-ci, fille de propriétaires terriens et nièce d’Antonio Stoppani, abbé, philosophe, scientifique et théologien, est très cultivée. Elle défend ses aspirations libérales et se montre ouverte aux idées nouvelles, malgré les limites sociales et culturelles imposées aux femmes de cette époque. Bien qu’élevée avec des règles de discipline très strictes, Renilde est très proche de sa fille et respecte sa liberté.
La famille déménage à Rome en 1875. Maria y suit des études élémentaires (1876 – 1882) et s’intéresse très tôt aux mathématiques. Rêvant de devenir ingénieur, elle fait face aux premières difficultés avec son père, qui envisage pour elle une carrière d’enseignante. Avec le soutien de sa mère, Maria s’inscrit en 1883 dans un collège technique pour garçons. A 13 ans, elle doit déjà faire face aux préjugés de la société envers les femmes et leur rôle dans la société. Malgré tout, elle se passionne pour la biologie et rêve à présent de devenir médecin.
En 1890, elle a la possibilité de s’inscrire à l’université et rêve de la faculté de médecine. Sa mère la soutient dans ses projets, mais face à l’hostilité de son entourage, elle opte dans un premier temps pour des études de sciences naturelles. Maria n’abandonne pas et sa ténacité finit par lui ouvrir les portes de la faculté de médecine et de chirurgie de Rome. Là, elle doit faire face à l’hostilité et la résistance du monde universitaire qui voit d’un très mauvais œil cette présence féminine. Mais Maria est une étudiante brillante et s’attire la sympathie de certains de ses professeurs.
biographie de Maria Montessori
En 1896, elle soutient sa thèse de doctorat, qui porte sur un sujet de psychiatrie (il s’agit d’une étude clinique sur les « hallucinations antagonistes »), avec le soutien de son mentor Ezio Sciamanna, directeur de la clinique psychiatrique de l’université de Rome.
C’est une réussite totale pour Maria Montessori, qui devient ainsi, à 26 ans, la première femme médecin d’Italie.
Les 10 années suivantes, Maria travaille énormément. Elle s’engage sans relâche pour les marginaux de la société traditionnelle et milite pour la défense et la reconnaissance des droits des femmes, ainsi que des enfants déficients mentaux.
Présente au « Congrès International des Femmes » qui a eu lieu du 20 au 23 septembre 1896 à Berlin, elle réalise plusieurs interventions pour l’émancipation des femmes. Elle revendique des conditions de travail plus humaines et l’égalité des salaires notamment.
En rentrant à Rome, elle retrouve ses activités de médecin-assistant en chirurgie, à l’hôpital Santo Spirite. Elle ouvre également un cabinet privé.
Tout en travaillant avec des enfants déficients, elle poursuit ses recherches, qui l’amènent à approfondir les travaux de deux médecins français: Jean-Marc Gaspard ITARD et Edouard SEGUIN, qui ont élaboré des méthodes éducatives pour les enfants déficients et ont conçu une nouvelle approche de la maladie mentale. Maria en vient à la conclusion que l’éducation est plus bénéfique à ces enfants que les uniques soins médicaux.
En 1897, elle donne naissance à son fils Mario. Né de sa relation avec le docteur Montessano, un professeur de psychiatrie, il ne prendra jamais le nom de son père. Issu d’une famille riche, doté d’une mère autoritaire, le docteur Montessano, n’a jamais épousé Maria Montessori, qui donna naissance à Mario hors mariage. Contrainte d’abandonner son enfant, Maria confie son fils à une nourrice et ce n’est qu’à l’âge de 17 ans qu’il vivra avec sa mère. Maria Montessori vivra cette séparation comme une déchirure, même si elle rend parfois visite à son enfant. Mario poursuivra l’œuvre de sa mère.
Entre 1899 et 1901, Maria participe au congrès pédagogique à Turin et donne une série de conférences. Suite à cela, elle devient la directrice de l’école d’Etat d’orthophrénie. Maria s’engage complètement dans ce projet et travaille tellement que les enfants de cette école, classés parmi les « fous », se développent de façon inattendue.
Au fur et à mesure de son travail avec ces enfants, elle se rend compte qu’ils sont tout à fait capables d’apprendre, comme tous les enfants. Elle commence à développer un matériel adapté à ces mains avides de manipulation. Au grand étonnement des spécialistes de l’époque, ces enfants apprennent même à lire, alors qu’on les en croyait incapables. Maria décide donc de les inscrire au Certificat d’Etudes. Le jour de l’examen, aucune faveur n’est accordée aux enfants, qui sont pointés du doigt et moqués. A la stupeur générale, les élèves de Maria Montessori réussissent leur examen, avec en moyenne de meilleurs résultats que les enfants « normaux ». Un des enseignants ayant accompagné sa classe se serait dirigé vers Maria et lui aurait demandé comment elle avait fait pour réussir. Les témoignages disent qu’elle aurait répondu : « Et vous, comment avez-vous fait pour ne pas réussir ? »
Ces résultats conduisent Maria à chercher ce qui pouvait entraver le développement des enfants sains et heureux des écoles ordinaires.
A partir de 1901, Maria s’intéresse aux enfants « normaux » et entreprend des études de psychologie et de philosophie. Elle traduit des livres de Séguin en italien et découvre que dès 1866, il demandait d’appliquer sa méthode également aux enfants en bonne santé.
Entre 1903 et 1908, Maria est professeur à l’Institut Pédagogique de l’université de Rome sur l’histoire de l’anthropologie et son application en pédagogie.
A partir de 1906, elle s’occupe d’enfants normaux d’âge préscolaire, pour lesquelles elle va créer sa méthode pédagogique.
En 1907, le maire de Rome a un vaste projet de réhabilitation des bidons-villes. Seulement, il constate que des enfants en bas âge, trop jeunes pour aller à l’école, dégradent les lieux et volent. Pour cela, il demande à Maria Montessori de créer un lieu d’accueil pour ces enfants défavorisés. Le 6 janvier ouvre la première Maison des Enfants : la Casa dei Bambini. Elle profite de cette expérience pour élaborer son matériel pédagogique.
Dès 1908, Maria Montessori est connue mondialement pour avoir découvert le monde intérieur de l’enfant et avoir développé une nouvelle méthode d’éducation. Elle démissionne de son poste à l’université et renonce à sa clientèle privée pour former des éducateurs et écrire des ouvrages expliquant sa pédagogie.
En 1909, Maria Montessori donne le premier cours de formation à sa pédagogie auquel participent environ une centaine d’enseignants. Cette année paraît La Pédagogie Scientifique, ouvrage dans lequel elle explique sa méthode et ses origines.
Entre 1911 et 1912, les premières écoles Montessori ouvrent aux États-Unis, avec notamment Alexander Graham Bell, qui crée une classe Montessori dans sa maison.
Cinq mille exemplaires de The Montessori Method sont vendus en seulement quatre jours.
Maria Montessori donne le deuxième cours de formation à sa pédagogie.
Entre 1913 et 1918, Maria Montessori donne plusieurs cours de formation à sa pédagogie, soutenue par le comité Montessori des Etats-Unis. Elle rencontre des personnalités telles que John Dewey, Thomas Edison et Helen Keller.
Son matériel est fabriqué en Angleterre par la société Philip & Tracy.
Une association Montessori se forme aux USA, présidée par Alexander Graham Bell, avec Margaret Woodrow Wilson comme secrétaire, fille du président Thomas Woodrow Wilson.
En 1917, Maria Montessori fait sa première visite aux Pays-Bas, où elle rencontre le biologiste Hugo de Vries. Ce dernier lui permettra d’offrir une explication scientifique à sa découverte des périodes sensibles
Entre 1922 et 1923, Lilli E. Peller-Roubiczek crée la maison des enfants Montessori à Vienne. Emma Plank-Spira et Anna Freud font partie de ce cercle Montessori de Vienne. Maria visite cette école Montessori et y fait paraître son livre L’Enfant dans la Famille.
En 1930, Mussolini demande à Maria Montessori de former des instituteurs. En réalité, son but était de faire former des soldats pro-régime dont la mission était d’embrigader et de formater les enfants. Maria Montessori avait été encouragée par Mussolini et Hitler dans le développement de sa pédagogie, mais à l’avènement du fascisme, elle s’aperçoit qu’une éducation fondée sur le développement d’une libre personnalité ne peut se faire dans une atmosphère totalitaire. En 1934, opposée au régime fasciste, Maria Montessori s’exile aux Pays-Bas avec son fils.
En 1935, Maria Montessori publie L’Enfant, livre dans lequel elle transmet l’essentiel de ses idées sous forme de petits chapitres.
En 1936, le gouvernement italien fasciste condamne et proscrit les principes éducatifs de Maria Montessori. Par conséquent, toutes les écoles Montessori sont fermées. Maria Montessori quitte à nouveau l’Italie et s’installe en Espagne. Mais l’arrivée de Franco l’oblige à s’enfuir aux Pays Bas sur un bateau militaire anglais. Elle y crée l’Association Montessori Internationale.
De 1939 à 1945, Maria Montessori fuit la guerre et s’exile en Inde. A Madras, elle est assignée à résidence en tant que ressortissante italienne jusqu’en 1945. Elle en profite pour créer de nombreuses écoles Montessori. Elle rencontre Gandhi, Nehru et Tagoré. Elle s’intéresse de plus en plus aux nouveau-nés.
En 1945, Maria Montessoir revient en Europe et dirige, en 1947, un stage à Londres. Elle rétablit les centres Montessori en Italie, à la demande du gouvernement.
En 1949, Maria Montessori publie L’Esprit absorbant de l’enfant, dans lequel elle transmet son approche spirituelle et philosophique de l’enfant, ainsi que ce qu’elle a retenu de la philosophie hindoue.
Entre 1949 et 1951, Maria sera nominée trois fois pour le prix Nobel de la Paix, mais elle ne recevra jamais ce prix.
Maria meurt le 6 mai 1952 à Noordwijk aan Zee, aux Pays Bas. Elle est âgée de 82 ans, décorée de la légion d’honneur en France, officier de l’ordre Orange-Nassau aux Pays-Bas et citoyenne d’honneur de nombreuses villes.